Faits saillants 2013
Après quatre saisons de terrain, le temps consacré par les participants à recueillir des indices de nidification totalise maintenant plus de 75 000 heures! L’énorme effort consacré au projet encore cette année a, comme on pouvait s’y attendre, donné lieu à des découvertes intéressantes. Vous trouverez plus bas un aperçu des résultats les plus marquants de la saison 2013.
Pour voir le crédit photo d’une image, vous devez simplement placer votre curseur sur l’image en question. L’équipe de l’Atlas en profite pour remercier les auteurs des photos publiées sur cette page.
Nous en sommes maintenant à deux preuves irréfutables de la nidification du Cygne trompette en sol québécois. Après le groupe familial observé en 2010 à Joutel, au sud-ouest de Matagami, une nouvelle preuve provient cette fois de la Mine Alexis, près de Val-d’Or, en Abitibi. Des employés ont observé deux adultes sur un bassin de la mine à partir du 30 avril, ainsi que des jeunes à partir du 3 juillet. Plusieurs photos ont été prises par Raymond Ladurantaye le 6 juillet, lors d'une visite autorisée par les responsables de la mine; celle illustrée ici montre les deux adultes accompagnés de quatre jeunes. Les oiseaux ont quitté le site depuis le mois d’août.
La carte de répartition du Garrot d’Islande a été grandement bonifiée cette année, grâce à des employés du Service canadien de la faune qui ont pu consacrer, entre deux missions, quelques heures d’hélicoptère à survoler des lacs de Charlevoix, du Saguenay et de la Côte-Nord. Ainsi, du 21 au 29 mai, en 16 heures de vol, Christine Lepage, Shirley Orichefsky et Christian Marcotte ont documenté la présence du Garrot d’Islande dans 42 nouvelles parcelles d’atlas! Ces résultats sont heureux puisque depuis 2010, les inventaires au sol conduits dans le cadre de l’Atlas n’ont rapporté que peu d’indices de nidification pour cette espèce. Pour nicher, le Garrot d’Islande choisit habituellement des petits lacs isolés et situés en altitude, ce qui complique grandement les inventaires terrestres de cette espèce. De plus, en période estivale, seules les femelles – difficile à identifier avec certitude – demeurent près du site de nidification.
Les indices de nidification du Chevalier semipalmé aux Îles-de-la-Madeleine continuent de s’accumuler. Après le nid découvert sur la Dune du Nord (Havre-aux-Maisons) en 2011, la nouvelle preuve de nidification provient cette année de l’Île-du-Havre-Aubert, où Hervé Tremblay a observé six adultes et un poussin en duvet le 30 juin. Par ailleurs, il est probable que l’espèce ait niché également sur l’île du Chenal (Grande-Entrée), où Alain Richard a observé deux individus agités par sa présence les 3 et 10 juillet; la photo illustrée ici montre d’ailleurs un de ces oiseaux.
Le Pélican d’Amérique n’est pas connu pour nicher au Québec, même si plusieurs milliers de couples nichent dans l’ouest et le centre de l’Ontario. Toutefois, l’espèce semble étendre son aire de nidification vers l’est, de plus en plus d’individus étant observés à la baie James en période de nidification. De plus, tout indique que des pélicans nichent sur une île du chenal Akimiski (Nunavut), près de la côte ontarienne, où des œufs (mais aucun jeune jusqu’à maintenant) sont signalés régulièrement depuis 2006. Il est aussi probable que l’espèce niche ailleurs à la baie James (Ken Abraham, comm. pers.). C’est dans ce contexte qu’on doit analyser les observations faites en 2013 à la baie Cabbage Willows, dans la baie de Rupert au Québec : Marc-Antoine Montpetit y a observé un Pélican d’Amérique le 23 juin, puis Aurélie Bourbeau-Lemieux, Harry Erless, Bruno Paré, Ted Cheskey et Marilyn Labrècque y ont observé 30 et 34 individus les 13 et 14 août, respectivement. On peut même émettre l’hypothèse que le Pélican d’Amérique nichera un jour au Québec ou, tout au moins, près des côtes québécoises.
Ce ne sont pas toujours des espèces rares qui volent la vedette. À preuve, en juillet 2013, Denis Collins a photographié ce jeune Plongeon huard sur la rive sud du canal de Beauharnois, en amont du barrage du même nom, ce qui constitue la première confirmation de nidification de l’espèce en Montérégie. Il est exceptionnel que le Plongeon huard niche en bordure de rivières et c’est possiblement parce que le canal est large (> 1 km) et peu fréquenté par les bateaux à cet endroit qu’il y a niché.
Au Québec, l’Abitibi-Témiscamingue et la baie de Rupert constituent les seules régions où le Bruant de Le Conte – un oiseau des Prairies – est relativement commun. Pierre Poulin, le responsable de la région de Bonaventure pour l’Atlas, a donc été étonné quand Michel Robert, de passage en Gaspésie pour un inventaire de Râle jaune, lui a mentionné avoir entendu un Bruant de Le Conte le soir du 9 juillet à Barachois-de-Malbaie, au nord de Percé. Cette observation constitue la deuxième mention historique de l’espèce en Gaspésie, l’autre provenant de Pointe-à-la-Croix, en juillet 2005. Oiseau discret, le Bruant de Le Conte est sans doute plus commun dans les hauts-marais qui jouxtent l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent que ce que montrent les cartes de l’Atlas. Les atlasseurs ont plus de chance d’entendre son chant ténu la nuit (en juillet notamment), alors que les autres oiseaux se sont tus.
Comme il est ici question de Pointe-à-la-Croix, soulignons au passage que le secteur abrite des marais propices au Râle jaune et qu’un individu de cette espèce y faisait justement entendre son cliquetis le soir du 11 juillet 2013 (M. Robert). Le Râle jaune n’avait jamais été rapporté dans ces marais.
Il aura fallu attendre quatre ans avant d’obtenir la première preuve de nidification du Troglodyte à bec court dans le cadre de l’Atlas et celle-ci provient des Hautes-Laurentides, où l’espèce n’était pas vraiment reconnue pour nicher! Cette découverte découle du travail d’Alain Boisclair, qui a d’abord repéré deux Troglodytes à bec court au lac Limoges (Mont-Laurier) le 6 juin. M. Boisclair a suivi ces oiseaux au cours des semaines suivantes et a pu confirmer leur nidification le 16 juillet, en observant un adulte qui transportait de la nourriture. Il a également observé un adulte transporter un sac fécal, puis de jeunes troglodytes. La plupart des rares indices de nidification rapportés depuis 2010 pour le Troglodyte à bec court originent de la Montérégie et du Pontiac.
La région du Témiscamingue peut désormais s’enorgueillir de compter au moins cinq nouveaux oiseaux estampillés « nicheurs confirmés » sur son territoire. Vous l’aurez deviné, ces découvertes sont dues au travail acharné de son responsable régional, Jonathan Fréchette. Jonathan a confirmé la nidification de l’Hirondelle à ailes hérissées (cavité occupée, dans un tas de poussière de roche, qui avait probablement été creusée par un martin-pêcheur!) le 7 juin, puis celle du Harle huppé (jeunes accompagnés d’un adulte dans deux parcelles) les 16 et 30 juin. Il a ensuite trouvé, le 1er juillet, un nid du Bec-croisé des sapins près duquel se trouvaient deux jeunes. Notre ami n’a pas chômé le 18 juillet non plus, confirmant ce jour-là la nidification du Petit Fuligule (femelle accompagnée de quatre canetons sur un bassin d’une station d’épuration) et du Cardinal rouge (adulte nourrissant un jeune).
On vient de le voir, le Cardinal rouge continue d’étendre son aire de nidification. Cet été, l’espèce a été trouvée nicheuse pour une première fois au Lac–St-Jean. En effet, après avoir appris que des habitants de Chambord avaient eu la chance d’observer un jeune Cardinal rouge se faire donner la becquée, Céline Bellemare et Josée Rousseau ont eu la chance de l’observer à leur tour le 23 juillet. Une première mention de nidification a également été obtenue dans les Hautes-Laurentides, où Alain Boisclair a observé un mâle nourrissant un jeune incapable de voler au sud de Mont-Laurier le 2 juillet.
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