Faits saillants 2012
Encore cette année, les travaux de terrain de l’Atlas ont donné lieu à plusieurs découvertes intéressantes. Selon un bilan provisoire (toutes les données n’ont pas encore été saisies), après trois saisons de nidification, le temps consacré par les participants à recueillir des indices de nidification totalise maintenant plus de 52 000 heures! Une véritable « mobilisation ornithologique » qui a permis, une fois de plus, de repousser un peu plus loin les limites de nos connaissances sur les oiseaux du
Québec.
Évidemment, les mentions particulières dont il est question sur cette page ne sont pas les seules qui peuvent être considérées comme telles, d’autres observations intéressantes ayant été faites à différents endroits au Québec. Il s’agit donc d’un simple aperçu des résultats les plus marquants de la saison 2012.
Veuillez noter que pour voir le crédit photo d’une image, vous devez simplement placer votre curseur sur l’image en question. L’équipe de l’Atlas en profite pour remercier les auteurs des photos publiées sur cette page.
Même si l’observation date de l’an dernier, il importe de souligner d’entrée de jeu une mention fort inusitée nous ayant été rapportée récemment. En effet, Norman Seymour, un ornithologue professionnel aujourd’hui retraité, a eu la chance d’observer, à la fin juillet (2011), une femelle du Fuligule à dos blanc accompagnée de huit canetons âgés d’environ trois semaines, dans le secteur de la Réserve nationale de faune du lac Saint-François (Dundee), à l’extrémité sud-ouest de la province. Il s’agirait donc de la première mention de nidification du Fuligule à dos blanc au Québec! L’œil averti de M. Seymour (ce dernier est un biologiste ayant beaucoup étudié la reproduction des canards, y compris celles des fuligules) permet donc d’étendre vers l’est l’aire de nidification du Fuligule à dos blanc, l’espèce étant très rare en Ontario (probablement moins de 20 couples) et s’y trouvant déjà aux confins orientaux de son aire. Malheureusement, aucune photo n’a été prise au moment de l’observation (la photo ci-dessus ne sert donc qu’à agrémenter ce texte, sans plus).

La découverte d’un nid de Sterne caspienne sur les Grandes battures Tailhandier, dans les îles de Boucherville en Montérégie, constitue sans doute une des trouvailles importantes de la présente saison. Le nid, qui contenait deux œufs, fut découvert le 18 juin par Denis Henri, Pierre Wery et Sylvain Côté un peu en retrait d’une colonie de Sternes pierregarins. Cette belle découverte était en quelque sorte attendue depuis quelque temps puisque des groupes familiaux sont observés à chaque année dans le sud du Québec (en particulier dans la région de Montréal), vraisemblablement en provenance de la région des Grands Lacs (Ontario et New York), où la population est en croissance et compte plusieurs milliers de couples. Le seul autre endroit au Québec où la Sterne caspienne a déjà niché se trouve sur la Basse-Côte-Nord, où la situation de l’espèce est toutefois mal connue. La Sterne caspienne y a niché assurément en 1995 et il est probable qu’elle s'y reproduise encore de façon sporadique, quelques oiseaux étant observés presque à chaque année dans les environs des sites de nidification traditionnels de la région.

L’aire de nidification de la Crécerelle d’Amérique s’étend maintenant jusqu’à Kuujjuaq au Nunavik. Ceci grâce à Peter May, un technicien de la faune du Centre de recherche du Nunavik (Société Makivik), qui a installé un nichoir à son campement au début du mois de juin après y avoir observé un couple le 25 mai. La femelle y a pondu 5 œufs, dont le premier a éclos le 13 juillet. L’installation d’une caméra numérique dans le nichoir a permis à Peter de suivre l’élevage des jeunes. Il semble que les adultes nourrissaient leurs rejetons de jeunes oiseaux. De plus, Peter a trouvé un autre nid à la mi-juillet, en plein centre de Kuujjuaq cette fois, les oiseaux s’étant installés dans un vieux bâtiment.

La photo ci-jointe a été prise par Alain Desmarais à Saint-Ignace-de-Loyola, dans l’archipel du lac Saint-Pierre (îles de Berthierville), le 30 mai 2012. Il s’agit d’une Oie des neiges et d’un oison, ce qui constitue une des très rares preuves de nidification de cette espèce dans le Québec méridional. En fait, ce qu’il est convenu d’appeler la Grande Oie des neiges, c’est-à-dire la population d’oies qui hivernent sur la côte atlantique des États-Unis et qui s’arrêtent dans le sud du Québec durant quelques semaines au printemps et à l’automne, se reproduit dans la toundra du Haut-Arctique, bien au-delà de la limite nordique du Québec. Seules quelques Oies de neiges nichent dans la toundra du Québec (au Nunavik), et celles-ci font partie d’une autre population (Petite Oie des neiges), qui elle hiverne dans l’ouest et le centre du continent. Bref il est inusité de constater la nidification de l’Oie des neiges dans le sud du Québec, et il est vraisemblable que ceci soit le fait d’un oiseau blessé, incapable de poursuivre sa migration, à qui sa « douce moitié » serait restée fidèle. Deux adultes accompagnaient d’ailleurs cet oison lorsque M. Desmarais a fait son observation. Les Îles aux Loups Marins, dans le milieu du fleuve Saint-Laurent en face de Petite-Rivière-Saint-François, constituent le seul autre endroit connu pour abriter des (Grandes) Oies des neiges nicheuses dans le sud du Québec.

La Grande Aigrette a été trouvée nicheuse sur l’île Conroy, dans les rapides Deschênes sur la rivière des Outaouais (Gatineau). C’est Bruce Di Labio, un observateur chevronné d’Ottawa, qui a fait l’heureuse découverte le 20 juillet 2012. Selon l’observateur, il y avait deux nids, dont au moins un a produit quatre jeunes (le sort de l’autre nid reste inconnu). Il s’agit de la première mention de nidification de cet oiseau en Outaouais. La Grande Aigrette aurait commencé à utiliser l’île Conroy en 2010, alors que jusqu’à 30 individus utilisaient l’île comme dortoir vers la mi-août, passant apparemment leurs journées à l’ouest d’Ottawa. En 2011, entre une et six aigrettes ont été vues en juin et juillet à l’île Conroy, mais aucune preuve de nidification n’a alors été rapportée. Du 3 août au 18 septembre 2011, jusqu’à 32 aigrettes ont de nouveau fréquenté le dortoir. Cette année, quelques aigrettes fréquentaient le secteur à partir du mois de mai. La Grande Aigrette poursuit donc son expansion dans le Québec méridional, s’y reproduisant maintenant à au moins quatre sites différents.

Il existe peu de nids de la Buse pattue trouvés au Québec en dehors du Nunavik. Il est donc intéressant de souligner celui trouvé cet été près du village de Blanc-Sablon (Basse-Côte-Nord) par Hervé Tremblay. Le nid fut découvert le 8 juin sur une paroi rocheuse dans la parcelle 21VS99, à moins d’un kilomètre de la frontière du Labrador.
M. Tremblay y a aperçu deux jeunes lors de visites subséquentes et, lors de son dernier passage le 13 juillet, le nid abritait un jeune au plumage complet.
Comme de raison, les participants au projet d’atlas ont rapporté cette année d’autres observations particulières. Parmi celles-ci, soulignons une Touterelle turque découverte par Jean Piuze le 10 juin à Saint-Flavien dans la région de Lotbinière, puis observée par plusieurs au cours des semaines suivantes. À première vue, cet oiseau, vraisemblablement un mâle, semblait territorial, même si les visites à Saint-Flavien dans le but d’obtenir de meilleurs indices de nidification n’ont révélé aucune nidification. Les atlasseurs ont également consenti un effort considérable pour recueillir des données sur la présence de hiboux, et les cartes de répartition de la Petite Nyctale et du Hibou moyen-duc en sont la démonstration.
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